L’Âge des Fondations

Alors que les Grands Ailés méditaient sur leurs erreurs passées, reclus dans leurs sanctuaires, les hommes entreprirent de se rassembler. Eux qui avaient toujours vécu sous la puissance bienveillante de leurs créateurs se retrouvaient en un jour orphelins et mortels. L’avenir de l’humanité naissante ne se présentait pas sous des auspices favorables. L’homme connaissait la mort, certes, mais elle lui avait toujours semblé abstraite et issue de la seule violence des combats draconiques. Lorsqu’ils prirent enfin conscience de leurs faiblesses, privés de la magie des Grands Dragons, les hommes découvrirent la faim, le froid, la solitude, et commencèrent à lutter pour survivre. Ils découvrirent une nature sauvage et hostile, où le moindre loup était un obstacle, une menace pour leur vie. Ils se tournèrent alors vers celui qui les avait toujours protégés, Khy, et lui demandèrent assistance et soutien. « Je continuerai à vivre en votre compagnie et à vous protéger de mes pairs. Mais votre destin est aujourd’hui entre vos mains. Il vous fait croître, apprendre et vous multiplier. Les Edits Draconiques limitent mon pouvoir, et m’interdisent de vous rendre ce que vous avez perdu. Tel est le prix du pacte de Kalimsshar. Toutefois, je vous ai fait le don de cette cité, qui est mon sanctuaire, et vous pouvez y rester en ma compagnie. »

Résignés, les hommes enfantèrent d’autres hommes qui, à leur tour, donnèrent la vie. Le cycle de l’existence se mit en marche. D’une poignée, ils furent une centaine, puis un millier, puis des millions. Mais, privés de toute connaissance, les hommes restaient encore vulnérables et primitifs. Les Grands Dragons, quant à eux, occupèrent les premiers temps à se multiplier. Des Guerres Fratricides, il ne restait que quelques dizaines de leurs premiers enfants. Mais ils étaient âgés et sages, et leurs créateurs leur confièrent la tâche d’assurer la descendance. Ils parcoururent le monde et fertilisèrent les éléments, créant des jeunes dragons qui se reproduisirent par centaines. Kor, la Terre des Dragons, fut à nouveau survolée en tous sens par les majestueux seigneurs écailleux.

Le Retour des Dragons

Gravure sur fer, Hall de la forge, Dungard.

Gravure sur fer, Hall de la forge, Dungard.

Kezyr, comme ses frères et sœurs, se languissait de l’âge perdu. Tous avaient conscience que les blessures du passé resteraient à jamais entrouvertes. De temps à autre, ils observaient Khy et les hommes qui ne cessaient de les étonner dans leurs pathétiques luttes contre les éléments. Eux qui avaient été les compagnons de naguère se gaussaient maintenant des multiples faiblesses humaines. Mais ils les enviaient aussi, car elles donnaient un sens à chaque existence, une raison à chaque vie. Alors, le Dragon du Métal dévoila ses réflexions à ses pairs. L’enjeu des discussions qui suivirent ne fut autre que l’octroi aux hommes d’un véritable statut, qui permettrait à terme aux deux races de retrouver l’harmonie et d’aspirer à un avenir dominé par la paix.

Kezyr se présenta devant les murs d’Yris. Son cœur se remplit de joie quand il vit son fils venir à sa rencontre, entouré d’hommes et de femmes aux visages rayonnant de bonheur. Il versa alors des larmes qui, en tombant, formèrent une porte majestueuse, alliage de nombreux métaux, à l’entrée de la cité. Bien que son fils s’apprêtât à le renvoyer, il lui demanda d’oublier le passé et leurs querelles anciennes. Les Dragons avaient déjà aidé les hommes, et ils avaient choisi de recommencer. Pour prouver ses remords sincères, Kezyr offrit à tous les habitants le don de façonner le métal. La voix des hommes s’éleva alors et remercia le Grand Dragon de son présent. « Si chacun de nous accepte ce don, c’est dans l’espoir et la prospérité que nous vivrons bientôt. »

Et c’est ainsi que chacun des Grands Dragons réapprit aux hommes une partie de son savoir. Kroryn légua l’ardeur du combat et la maîtrise du feu, Heyra ouvrit les portes de ses forêts et apprit aux hommes à reconnaître les herbes et les bêtes, Brorne leur transmis le don de façonner la pierre et distilla dans leur sang la force de ses montagnes. De Szyl, l’humanité apprit à observer les étoiles et à faire face aux dangers du voyage, et Ozyr accepta même de léguer aux hommes une partie de ses secrets, en leur donnant la soif d’apprendre. Mais ce fut sans conteste Nenya qui leur fit le plus précieux des dons, en leur offrant de comprendre et de manier l’art difficile qu’est la magie des Dragons.

Kalimsshar se présenta alors et, bien que sa présence surprit ses pairs comme les hommes, il transmit à son tour le savoir en offrant aux hommes la mesure du temps et le calendrier, conférant un nom à chaque jour, augure et cycle. Ce jour marque le début du Premier Âge, celui des Fondations.















Le Temps des Récoltes

Armés de toutes ces connaissances, les hommes prirent un nouveau départ et leur démographie explosa. Une femme donna le jour sept à huit fois dans sa vie. En quelques générations, les hommes se répandirent dans la grande plaine, le long des deux fleuves qui bordent Yris. Sous l’impulsion de Khy, ils formèrent des villages qui ne tardèrent pas à devenir des cités florissantes. La population défricha la terre et se mit à la culture intensive des plantes. Certains, rassemblant les connaissances de Kezyr, Brorne et Ozyr, utilisèrent les matériaux nobles pour créer des objets beaux et complexes. La naissance de l’artisanat engendra celle de l’art. Les hommes firent preuve de remarquables talents ; leur inventivité semblait sans limite. Utilisant la magie de Nenya, ils érigèrent de superbes bâtiments et contrôlèrent les éléments pour favoriser les cultures. Les guerriers et les chasseurs mettaient à profit les dons de Kroryn pour protéger les communautés et rapporter de la viande et des fourrures. Chaque jour, les hommes semblaient découvrir de nouvelles applications à leur savoir. Khy mit en place le début des échanges commerciaux et souffla aux premiers marchands l’idée de la valeur de chaque chose. Remplaçant le troc, un système monétaire élaboré vit alors le jour. Il augmenta encore le développement des transactions et favorisa la progression de la civilisation.

Nombreuses furent les épreuves que ces premiers pionniers durent traverser, mais ils étaient unis et ne connaissaient que la paix. A mesure qu’ils avançaient et que les communautés grandissaient, ils oubliaient leur grandeur passée pour accepter leur sort. Les Dragons, quantà eux, avaient organisé leur descendance et se gardaient bien d’intervenir dans les affaires humaines, chacun étant le garant du respect des Edits Draconiques par les autres. Mais dans le Royaume de l’Ombre, Kalimsshar préparait ses plans, tissant la toile des possibles. Les grands changements étaient en marche, et le Neuvième Dragon savait que plus rien n’empêcherait l’humanité d’accomplir son destin.

Les Cités Draconiques

Les hommes et les femmes les plus doués formèrent des écoles pour transmettre le savoir. Leur soif d’apprentissage allant en grandissant, ils décidèrent à leur tour de se tourner vers les Dragons. En une dizaine d’années, de petits groupes entreprirent de retrouver les Grands Dragons. Puisant dans les légendes orales transmises de génération en génération, ils partirent à la recherche de sanctuaires draconiques. C’est avec une grande joie que chaque Grand Dragon vit revenir à lui un petit groupe d’hommes et de femmes désirant parfaire leur enseignement. Ils furent accueillis avec une bienveillance hésitante par les Dragons et leurs nombreux enfants. Pour permettre une vie harmonieuse des deux communautés, les hommes entreprirent de bâtir des villages à proximité des sanctuaires. Au fil du temps, ils perfectionnèrent chaque technique, puisant dans l’antique sagesse des Dragons les racines du savoir, et les villages devinrent villes, construites à la double mesure des grands ailés et des hommes.

Les Grands Dragons se posèrent la question de la limite des secrets qu’ils pouvaient révéler aux descendants des Immortels. Le pacte de Kalimsshar ne les avait-il pas corrompus ? Pour mettre un ordre au développement désordonné des connaissances humaines, Ozyr proposa une hiérarchie des domaines du savoir. Chaque Dragon aurait la charge d’un groupe humain et seuls les hommes exemplaires accéderaient aux plus puissantes révélations. Chaque ordre prit le nom de « caste » et, pour chacune d’elle, un berceau fut fondé dans la cité entourant le sanctuaire du Dragon. Kern, la Cité de la Pierre, reçut le refuge des protecteurs, guerriers fidèles au cœur pur. Ankar, la Cité du Feu, ouvrit ses portes à l'arène des combattants, maîtres du combat et des armes, sans cesse à la recherche de la victoire honorable. Kezyr eut la charge de la caste des artisans, qu'il hébergea dans sa cité minière de Dungard. Oforia offrit refuge aux bibliothèques des érudits, curieux de toutes choses, et Nenya accueillit les mages en investissant les hautes tours d'Onyr, la Cité Mouvante, qu'elle laissa se déplacer au rythme des saisons. Abritée par les arbres originels de la Forêt Mère, Heyra offrit les branches de Témeth aux soins desprodiges, serviteurs de la nature et de la vie. Szyl fut heureux de recevoir à Havre le siège de la caste des voyageurs. Sa cité n'était peut-être qu'un assemblage de tentes, de chapiteaux et de cabanes, mais elle constituait le point de rencontre privilégié de toutes les routes du monde. Enfin, Khy conserva à Yris la protection des Commerçants. De ce jour, la ville du Dragon des Cités prit le titre de "capitale" de Kor. Kalimsshar fut le seul à ne pas revendiquer l'éducation d'un groupe d'humains, mais il déclara que tous les hommes seraient les bienvenus à Nadjar, capitale de son royaume de ténèbres, pour parfaire leur enseignement.

Pour donner un ordre aux castes, les Dragons édictèrent des Lois draconiques, inspirées des Édits Draconiques, qui s’appliqueraient aux seuls humains. Chacun des Fils de Moryagorn donna son interprétation des antiques textes et, ensembles, les huit Grands Dragons instaurèrent les règles fondamentales de Kor. Seul Kalimsshar ne daigna pas se prononcer, marquant ainsi son éloignement, mais chacune fut pensée pour intégrer toutes les opinions des Dragons. Ces Lois imposaient aux membres de chaque caste un code de conduite et d'interdits, destinés à mettre leur fidélité à l'épreuve. Les premières Lois draconiques virent ainsi le jour, destinées à régir l'organisation de la vie de chacun.

En deux mille ans, l'humanité avait fait un chemin prodigieux. La création des castes fut un tournant majeur dans son évolution. Elle lui permit d'atteindre un stade de croissance encore supérieur et d'achever le Premier Age.

L'heure était venue pour l'homme de partir à la découverte du monde.

L'Age des Conquêtes

La colonisation du monde devint une réalité. Bientôt, on ne put plus compter les nombreuses cités qui s'étendaient d'est en ouest, des rives de la Tourmente à celles du Grand Large, des Mouvantes à l'Interdit. Poussant chaque jour davantage les chariots de leurs convois, les colons se répandirent en quelques siècles sur l'ensemble de Kor. Le peuplement se fit tout d'abord, autour de chacune des neuf grandes cités, où de petites communautés sédentaires se développèrent de manière concentrique, puis ces groupes de populations entières décidèrent de quitterces zones surpeuplées pour aller chercher la fortune là où le destin les mènerait : à la découverte des contrées sauvages.

Les villes humaines prirent une grande importance et les cités draconiques ne furent plus les principaux centres de la civilisation. Elles gardaient leur renommée symbolique et conservaient le siège de chacune des huit castes, mais elles ne représentèrent bientôt plus qu'une infime partie de l'immense communauté humaine, dont le nombre ne cessait de croître de manière exponentielle. Vint le jour où les humains dépassèrent le nombre stable de dragons. Les voies marchandes se répandirent partout. L'homme, sans parvenir à vaincre totalement la nature et les très nombreuses créatures issues de la création originelle, devint l'un des êtres dominants. Les castes se développèrent en parallèle et apportèrent à la société un squelette capable de la structurer. Selon les régions et les climats, les hommes s'adaptaient au milieu et faisaient évoluer leur culture. La charpente sociale les rassemblait toujours dans le même ordre, permettant aux meilleurs de commander les moins instruits. Deux hiérarchies se développèrent entre les hommes.

La première, intimement liée à l’organisation des castes permit de donner aux représentants de professions différentes un statut les uns vis-à-vis des autres. Dans chaque branche, les membres reçurent les Statuts qui témoignaient de leur progression dans l’enseignement de la caste. Divisée en cinq stades d’évolution, la carrière d’un homme reflétait autant sa position sociale que son niveau de maîtrise. Grâce à leur Statuts, les humains avaient enfin l’impression de posséder une véritable identité, éloignée de toute reconnaissance accordée par les Dragons. Le terme de citoyen fut adopté pour désigner tous les membres des castes. Il soulignait leur importance au sein du corps social. D’un bout à l’autre du continent, cette hiérarchie fut respectée par tous. Elle constitue aujourd’hui encore la principale manière de déterminer l’importance d’un inconnu, pour savoir comment lui adresser la parole.

La seconde organisation permit de mettre en place une construction sociale de type aristocratique, fondée sur la richesse et le droit de naissance. Elle se développa principalement parmi les commerçants, qui finançaient de nombreuses expéditions en échange de la propriété des terres découvertes. Puis, ils s’y installaient, créaient une ville et édifiaient un palais ou une forteresse destinée à être le centre de leurs affaires. Souvent vaniteux, ces marchands commencèrent à s’affubler de titres divers. Ils rajoutaient souvent le nom de « leur » région après le leur et transmettaient leur fortune à leurs enfants qui, quels que fussent leur caste et leur Statut, se retrouvaient à la tête de vastes terres et d’imposantes richesses. Puis vint le jour où m’inéluctable jalousie fit son apparition. Les propriétaires se mirent à lorgner sur les terres de leurs voisins, trouvant l’herbe plus verte, et l’or plus brillant.

L’homme allait redécouvrir la guerre…

Le Souffle de Kalimsshar

Croquis d'un carnet de voyage, découvert lors d'un raid zûl en Kali

Croquis d'un carnet de voyage, découvert lors d'un raid zûl en Kali

La majorité de la population s’installait dans une construction sociale organisée, inspirée par les Dragons. Certains, préférant migrer vers les endroits reculés du monde et cesser d’entretenir le moindre contact avec la grande famille des hommes, trouvèrent refuge dans les marais de l’ouest et les forêts bordant les mers et s’habituèrent progressivement aux lois de leur environnement. D’autres, dispersés par les combats contre la nature hostile, s’installèrent dans toute la grande chaîne de montagnes centrale, principalement aux abords du Royaume de l’Ombre. Il ne leur fallut que quelques générations pour renier complètement les Dragons et oublier leurs enseignements. De nombreuses superstitions se développèrent et ils se mirent à adorer des idoles, manifestant un mélange de peur et de haine farouche envers les Dragons et leurs fidèles humains. La langue ancienne qu’ils parlaient se transforma en dialecte. Ils régressèrent à un stade primitif et sauvage, oubliant l’agriculture pour ne plus vivre que de la chasse et de la cueillette. Ils avaient pourtant en eux le pouvoir de manipuler les énergies de la nature et rares furent ceux qui oublièrent le don de Nenya. Mais, ils l’assimilèrent à de fausses croyances et l’utilisèrent souvent à des fins destructrices.

Depuis les profondeurs de son refuge, le Dragon de l’Ombre avait senti les perturbations qui agitaient la communauté humaine. Il suivit avec beaucoup d’intérêt le morcellement des petites communautés de primitifs, découvrit avec joie l’utilisation pervertie que ces hommes faisaient des anciens dons et conçut l’espoir de pouvoir contourner les Edits Draconiques. Kalimsshar vint trouver nombre de ces groupes – non pas physiquement, mais par l’intermédiaire de rêves et de cauchemars – et leur apprit à communiquer avec les créatures les plus dangereuses du continent, ses créations du Premier Age. Il favorisa les rencontres avec les monstres et inspira aux sorciers de ces communautés une nouvelle voie : celle du gain, de la puissance et du culte de l’individu. Pour ce faire, il les laissa puiser dans les énergies corrompues du Royaume de l’Ombre et, pour accroître davantage leurs pouvoirs, leur inspira des rituels sanglants mettant en scène la vie et la mort. Rares furent ceux qui parvinrent à préserver la pureté de leur corps, qui se mua progressivement pour ressembler à celui des monstres et des bêtes sauvages qu’ils côtoyaient chaque jour. Et plus rares encore furent ceux qui trouvèrent la force de rester humains.

En quelques siècles, plusieurs groupes s’organisèrent et Kalimsshar usa de sa magie pour en stabiliser l’évolution, fier des nouvelles races qu’il avait ainsi « favorisées ». C’est à cette époque, qui correspondait aux premiers conflits humains, que les colons tombèrent horrifiés sur ces communautés « primitives ». A chaque fois, la sauvagerie et la barbarie des « nouvelles races » engendrèrent des combats sanglants. La haine viscérale des Dragons, qui semblait être leur seul point commun à tous, finit de scinder à tout jamais les branches de l’humanité. Stupéfaits, les Grands Dragons quittèrent leurs cités pour survoler le monde et percer à jour les origines de ces mystérieuses créatures qu’aucun d’eux ne semblait avoir créées. Ils ne comprirent que très mal le processus de dégénérescence, mais purent aisément déceler la marque de Kalimsshar – qui avait déjà rapatrié de petits groupes de chaque race dans le Royaume de l’Ombre. Cette nouvelle trahison n’étonna personne et les Dragons se résignèrent, acceptant la nature changeante de leur frère. Elle les remplit simplement de tristesse. Kalimsshar ne fut plus considéré par les Dragons comme l’un des leurs, mais comme une force indépendante, une simple « tendance » de l’évolution. C’est alors qu’apparut le nom de « Héraut de la Fatalité » qui le désigne aujourd’hui encore.

Le Sang de la Terre

L’homme était arrivé au bord de Kor, à la lisière du Grand Désert. Partout, des villes florissantes se développaient sans tenir vraiment compte de leurs voisines. Avec le temps, les différences entre les régions éloignées du monde devinrent plus marquées et les querelles se transformèrent en véritables conflits. Garants de l’ordre et défenseurs de l’humanité contre les dangers de la nature, les protecteurs s’organisèrent en armées et firent en sorte que chaque cité, chaque bourgade, chaque hameau soit bientôt armé et prêt à se défendre contre ses voisins. Les érudits, se livrant à de multiples exégèses des Lois Draconiques, édifièrent de nombreux systèmes juridiques différents. Les marchands revendiquèrent leur statut aristocratique de grands propriétaires pour lever des armées et mettre sur pied des forces militaires défensives. Les populations plus nomades confièrent leur sécurité aux guerriers, experts dans le maniement des armes, et, bientôt, ce fut l’ensemble de Kor qui entra dans une logique de guerre. Seules quelques rares communautés furent épargnées par l’explosion de violence qui ébranla les contrées, à l’aube du neuvième siècle de l’Age des Conquêtes. Les cités draconiques qui n’étaient pas dirigées par des autorités humaines furent épargnées, car personne n’était assez fou pour oser défier les Dragons, leurs fidèles enfants et leurs compagnons humains. Des seigneurs de guerre, issus principalement de la caste des combattants et des mages, prirent rapidement la succession des anciens princes marchands. Ils cumulaient leur Statut de caste et la noblesse humaine.

En quelques siècles de combats, de nombreux empires s’édifièrent et tombèrent au rythme des héros qui menaient les osts à la bataille. Le nom de ces combattants est aujourd’hui oublié ou entré dans la légende. Cependant, leur ambition débordante et leur soif de massacres, de richesses et de conquêtes, eurent plusieurs conséquences sur le monde. En ces temps troublés, des maîtres de caste s’engagèrent dans les luttes et fondèrent les premières armées comprenant de jeunes dragons. N’ayant pas vécu les terribles guerres antiques, ces descendants des Grands Dragons prirent souvent fait et cause pour des humains d’exception et acceptèrent de les accompagner à la bataille.

En rentrant dans les conflits politiques, les dragons modifièrent bien évidemment l’équilibre des forces, car un seul d’entre eux valait un régiment d’humains entraînés. Seuls les plus grands combattants équipés d’artefacts puissants avaient une chance de rivaliser avec eux. Khy était attristé de voir les hommes se déchirer une fois de plus. Il alla trouver Kalimsshar, l’accusant d’être responsable de cette situation. Le Neuvième Dragon l’écouta et reconnut partager la faute avec le Dragon des Cités. Elle remontait au vol de la conscience draconique. « Comme le feu s’oppose à l’eau, le vent à la terre et le métal à la nature, l’homme porte en lui le conflit. Tu dois l’accepter. » Résolu, Khy prit alors la décision d’entraîner l’humanité dans une nouvelle voie.

L’Alliance Retrouvée

La guerre semblait être devenue la nouvelle passion de l’Homme. Il n’était pas une décennie sans qu’une région connût l’invasion d’une de ses voisines ou qu’une tribu nomade décidât d’étendre soudainement – et violemment – son territoire. Les villes et villages s’équipèrent bientôt de fortifications, aidés par les artisans qui employaient leurs talents à mettre au point d’ingénieux systèmes de défense. Les Grands Dragons virent d’un très mauvais œil la violation tacite des Edits Draconiques par leurs descendants, mais ils ne purent s’empêcher de prendre rapidement parti dans les conflits et de recommencer, même de très loin, à interférer dans les affaires humaines. Kalimsshar leur envoya des émissaires pour leur rappeler leur ancien serment. Les hommes n’étaient pas de taille à subir à nouveau la folie des Dragons.

Pour une fois, ce fut le Seigneur de l’Ombre qui fut le plus sage de ses pairs – même s’il ne se privait guère de participer aux batailles les plus importantes. De nombreux jeunes dragons se retrouvèrent au cœur des grands conflits, parfois aux côtés de dragons plus âgés. Cependant, si l’influence des Grands Dragons y était prépondérante, les castes restaient toujours au centre de l’organisation humaine.

Szyl fut le premier à demander à son frère de lui enseigner la manière de prendre forme humaine. Khy accepta, honoré qu’enfin un Dragon s’intéresse à ce que pouvait ressentir l’humain, mais, malgré toute sa magie, le Dragon des Vents ne parvint pas à assumer la forme parfaite que lui vantait son frère. Il conserva les Marques, stigmates de sa forme originelle, mais put bientôt endosser l’une ou l’autre des apparences à volonté. A leur tour, les sept autres Dragons reçurent l’enseignement de Khy et purent parcourir le monde sous les traits de leurs créations. Ils profitèrent pleinement de leur nouvelle liberté et enseignèrent aux plus anciens de leurs enfants à faire de même. Ces derniers, qui possédaient suffisamment de puissance, purent prendre part aux guerres humaines.

Un jour, Brorne et Kroryn se firent face sur un champ de bataille. Combat de titans s’il en est, leur affrontement creusa un cratère au centre d’une plaine. Les deux frères finirent par cesser le combat alors qu’ils n’étaient plus entourés que de cadavres. Une fois encore, il n’y avait pas de vainqueur. Chacun des Grands Dragons gagna alors son sanctuaire, entouré de ses fidèles, pour préparer une contre-offensive capable de laver ce nouvel affront. Ils passèrent les années qui suivirent à rassembler des forces, fidèles à leur philosophie martiale, et les firent s’affronter à de nombreuses reprises. Les hommes découvraient peu à peu l’absurdité de la guerre. Cette bataille eut lieu au vingt-neuvième siècle de l’Age des Conquêtes. La bataille finale, qui devait trancher le conflit entre les deux combattants, avait pour enjeu le contrôle de la capitale – Yris. Les deux armadas d’hommes et de dragons se firent face devant la Porte de Kezyr, dont les larmes avaient forgé la réconciliation des deux races. D’une part les forces de Brorne avançaient en parfait ordre de bataille. Chaque soldat discipliné s’intégrant à sa place exacte sous les ordres de la puissante hiérarchie militaire favorisée par le responsable des protecteurs. Lui faisant face, les hordes de Kroryn s’étiraient dans le lointain, formant un front compact de guerriers maîtres du corps à corps et tous capables d’immenses prouesses martiales. Ce combat s’annonçait le plus violent de toute l’histoire, mais son enjeu terrestre paraissait bien maigre, au regard des sacrifices qu’allait en exiger l’issue finale.

La Nouvelle Aube

Croquis d'une chronique de bataille, temple des prodiges, XXIXème siècle AdC

Croquis d'une chronique de bataille, temple des prodiges, XXIXème siècle AdC

Les deux armées s’apprêtaient à sonner la charge lorsqu’un fils d’Heyra, ancien parmi les anciens, fondit du ciel pour se poser au centre de la plaine. Auréolé de lumière et de paix, il ouvrit lentement ses griffes et déposa délicatement un homme, seul et désarmé, au centre du champ de bataille. Dressé entre les deux armées grondantes de fureur, l’homme exigea alors de parler aux généraux de chacune des armées et aux Grands Dragons qui les guidaient. Nul ne sait quelles paroles parvinrent à apaiser la folie destructrice des armées, ni comment Solyr le Prodige réussit cet incroyable exploit, mais bientôt les deux chefs de guerre marchèrent à la rencontre l’un de l’autre pour se donner l’accolade, entraînant avec eux les dragons les plus jeunes – et plongeant Brorne et Kroryn dans une intense réflexion.

Il n’en fallut pas plus à Solyr pour entrer dans l’histoire. Les terres conquises par Kroryn et Brorne furent réunies en un grand empire central, dont Yris devint la capitale, et auquel le nom de Solyr fut attribué en hommage au chaos évité par cet envoyé d’Heyra. Par la suite, le Prodige révéla au monde qu’il avait accompli bien plus encore que la réconciliation des deux partis belligérants : il avait réussi à réconcilier l’Homme et le Dragon, restaurant par là même le Lien ancestral qui unissait les deux races et qui avait perdu lors du pacte passé avec Kalimsshar. Ce nouveau Lien était encore fragile. Il devait être développé par chaque homme avec un dragon comme une quête intérieure de l’harmonie. La folie qui avait failli détruire le monde ne fut pas pardonnée par tous. Mais la redécouverte du Lien ne fut pas unanimement accueillie, car certains hommes perçurent ce retour comme une nouvelle tentative des Dragons de priver l’humanité de son libre arbitre. Après avoir manqué de détruire par deux fois les hommes, les Grands Ailés voulaient continuer à se distraire, pensaient certains ; ils continuaient à manipuler leur création en lui inspirant de nouvelles passions destructrices.

Ce courant de pensée parcourut toutes les strates de la société. Nombreux étaient ceux qui se mirent à espérer un nouvel âge d’or aux côtés des Dragons, mais une minorité décida de les combattre, de s’exiler, loin du pouvoir draconique, pour aspirer enfin à une véritable liberté. Une fois de plus, l’humanité connaissait un tournant décisif dans son évolution, marquant la fin de l’Age des Conquêtes. Après plus de treize siècles de guerres, l’horizon ténébreux semblait enfin s’éclaircir, mais l’Humanisme était né.











L’Age des Empires

Le monde nétait plus fou, mais il était en ruine. Sur les décombres des royaumes guerriers, les hommes commencèrent à reconstruire des civilisations organisées, fondées sur une volonté de vivre et de prospérer loin des affres de la guerre. Les Dragons et leurs enfants entreprirent de développer le Lien avec les plus brillants des citoyens. Baptisés « Elus », car choisis par les Grands Dragons pour leur mérite, leur adresse ou leur sagesse, ces hommes et ces femmes reçurent une infime partie du savoir et de la magie draconiques. Pour que chaque caste soit en harmonie avec les différentes forces de l’univers, ses membres se lièrent avec des descendants de tous les Grands Dragons, y compris Kalimsshar, mais la majorité des Elus se créa entre les membres d’une caste et les descendants du Dragon tutélaire de celle-ci. Ainsi naquit une nouvelle dignité parmi les humains celle d’Elus des Dragons ou détenteurs du Lien draconique.

Si l’ancienne noblesse marchande et militaire ne disparut pas pour autant, les Elus prirent les rênes des affaires humaines, ne laissant que des bribes de pouvoir hors de leur vaste réseau d’influence. Comme les Humanistes l’avaient prévu, les Dragons récupéraient la maîtrise du destin des hommes. Le débat s’institua alors entre les partisans de chaque tendance – les fervents défenseurs des Dragons acceptaient de se plier aux Lois anciennes, tandis que les partisans de la liberté humaine criaient à l’imposture, prétendant que les Dragons limitaient volontairement le développement humain. Certains domaines de la connaissance étaient en effet interdits, ou tout du moins réservés aux plus hauts dignitaires des castes.

La situation s’envenima en 86 lorsque Mars Exutor, Haut Protecteur de Brorne, perdit le dragon avec lequel il était lié dans un attentat attribué à des Humanistes. Fou de douleur, il fonda l’Inquisition rassemblant un corps de protecteurs d’élite chargé de lutter par tout moyen contre l’Humanisme. Les Inquisiteurs gagnèrent une réputation de droiture exemplaire. Peu nombreux au début, ils formèrent d’autres protecteurs et devinrent des juges itinérants appelés à trancher bien d’autres conflits que les trahisons humanistes. Appliquant avec rigueur les Lois Draconiques, ils eurent bientôt un rôle majeur dans l’ordre social. Leur influence croissante permit de faire déclarer l’Humanisme hérésie en 149. Les dignitaires de l’époque qui se réclamait de ce courant de pensée durent le renier ou devenir proscrits, avant d’être rapidement pris en chasse par les Inquisiteurs.

En 152, un artisan du nom de Bayne partit vers le nord à la tête d’un long convoi de sages et de philosophes soupçonnés de déviance. Aucun dragon ne les accompagna dans leur périple. La légende veut qu’ils aient quitté Kor pour fonder une nation où les humains seraient leurs propres maîtres.

Les Fondations des Royaumes

En quelques siècles, Kor était entré dans une certaine stabilité politique et culturelle. Les conflits d’ampleur continentale n’étaient plus d’actualité et les luttes se limitaient désormais à des escarmouches frontalières entre vieux ennemis. Il n’était pas rare d’assister à des guerres locales et courtes pour la possession d’un territoire, d’une ville ou d’un château, mais, dans la majorité des entités politiques actuelles, une organisation de type féodal était à présent en place.

Kor est aujourd’hui divisé en régions, parfaitement indépendantes, revendiquant chacune leur souveraineté. Il convient de distinguer les « royaumes », abritant une ou plusieurs cités draconiques, et les simples « contrées », ou « régions », qui n’en contiennent pas. Sans être plus riches, les royaumes disposent d’une certaine antériorité et restent ouvertement sous le contrôle du Dragon et de sa caste privilégiée. Les autres royaumes n’ont pas autant d’assise. Leur situation intérieure est parfois au bord de l’éclatement ou de la guerre civile. Les grands féodaux sont autant de contre-pouvoirs à l’autorité centrale. Les Dragons n’ont pas l’ambition de diriger le monde, mais ils en ont certainement le pouvoir. Ils laissent une grande liberté aux hommes sous la conduite de leurs affaires à l’intérieur et à l’extérieur de leurs terres. Il n’existe plus aujourd’hui qu’une petite vingtaine de territoires indépendants. C’est peu, dans un monde qui en comptait encore plus de nuit cents différents, il y a moins de mille ans.

Les Guerres de Souveraineté

Le tracé des frontières intérieures de Kor est intimement lié aux migrations, aux exodes et aus guerres successives de l’ancien temps. Pour appréhender la géographie du royaume dans sa globalité, il convient donc d’évoquer la chronologie des combats qui ont conduit à sa formation, depuis l’Age des Conquêtes.

Les premières Guerres de Souveraineté s’ouvrent en 2806, avec le Massacre des Cent Mille, et s’achèvent au premier siècle de l’Age des Empires, donnant naissance à l’Empire de Solyr – qui n’est stable que depuis 2880. A cette époque, dans la Forêt Mère, deux nouveaux royaumes émergent des ruines de Kamala : Lusitian et Larmek. Au nord, Neve rassemble une quinzaine de petites villes qui se fédèrent en 2910. C’est le début de ce qui deviendra plus tard l’Empire Nésora.

Les deuxièmes Guerre de Souveraineté sont tout aussi fertiles en changements. Un très vieux royaume, Molyar, tremble sur ses base, qui occupent alors tout le sud – de Solyr à la l’extrême Pointe Gelée. Mais il n’a plus d’empire que le nom et implose rapidement sous les pressions conjuguées de tribus barbares et d’ambitieux dignitaires locaux. Kar-Hô-Zûl, « le Fils du Dragon Sanglant », rassemble les tribus en 117. Il brûle la moitié des antiques cités molyares tandis que, plus au sud, les Galyrs font sécession dans leurs montagnes, proclamant leur allégeance à la terre glacée. L’Empire nomade Zûl voit le jour. Entre 150 et 242, les mêmes Galyrs sont pris de soudaines envies de conquêtes. Mus par une frénésie de sang et de pillages, ils remontent vers le nord et brûlent tout sur leur passage, pendant plus d’un siècle de barbarie. Ils sont finalement arrêtés par Brorne devant les murailles de Kern, après avoir pillé une partie de l’Empire de Solyr et détruit deux cités indépendantes d’Ysmir. A la même époque, l’Île de Jaspor prend plus d’importance commerciale. Elle s’organise en guildes marchandes et, à leur tête, un « Prince Argentier » est élu parmi les membres des grandes familles. Le titre de « Dragon » qui lui est attribué fait référence à la plus grosse unité monétaire connue. En 287 et 299, sous l’impulsion de nobles ambitieux, deux grands royaumes voient successivement le jour : l’Orbel et le Tandara, qui rentreront plus tard dans la composition de l’Empire Nésora. Ces deuxièmes Guerres de Souveraineté se terminent par la prise d’assaut des Lacs Supérieurs, en 298, par les hommes d’armes de Belgor. Ils prennent le nom de Belgoriens et occupent encore aujourd’hui cette partie du monde communément appelée les Lacs Sanglants.

Les Guerres de Souveraineté Récentes

Les troisième Guerres de Souveraineté débutent au printemps 453, après une courte période de répit, lorsque l’Inquisition déclare l’Archipel de Pyr terre humaniste et proclame une croisade sacrée. Menées par des Elus, des hordes de cavaliers et de dragons se rassemblent pour anéantir toute résistance à l’intérieur de l’île, qu’ils déciment en une poignée de semaines. Suite à cette attaque, le peuplement de l’Archipel de Pyr est interdit et la terre est rendue aux dragons qui sont les seuls à pouvoir y habiter. En 516, la ville portuaire de Griff proclame son indépendance dans l’indifférence générale. Enclave libre dans d’immenses territoires barbares, Griff subit régulièrement les assauts des tribus zûls et galyrs. Elle résiste depuis plus de quatre cents ans sans faiblir, principalement grâce aux armées mercenaires qu’elle lève pour se protéger. En 642, l’Empire nomade Zûl subit une nouvelle perte : la moitié sud de cet empire est prise en main par de une alliance de mages qui, en usant de leurs terribles pouvoirs, se sont rendus maîtres de toutes les villes importantes. Après dix ans d’une guerre violente et indécise, les tribus sont repoussées au-delà des collines. La Pomiradie peut enfin se trouver des institutions. Un concile de huit mages assure la direction du nouveau royaume rebaptisé Pomyrie mais, malgré tous ses efforts, cette nouvelle institution échoue une fois de plus à s’emparer de la Forêt de Solor, qui reste définitivement hostile à tout peuplement durable.

A la même époque, en 730, Neve, Orbel et Tandara se réunissent en un puissant empire marchand baptisé Nésora. Harl, un jeune érudit, s’empare du trône et de la couronne. Dans la Forêt Mère, les maladies et les guerres déciment un à un les royaumes encore stables. La nature reprend ses droits recouvrant les grandes villes sous la végétation, puis, au nord-ouest, les descendants des anciens peuples de la forêt créent un pays pacifique qu’ils nomment le Royaume des Fleurs. Chaque cité est dédiée à une essence végétale particulière. Débutent ensuite, aux abords du dixième siècle, les quatrièmes et dernières Guerres de Souveraineté.

Elles débutent par une nouvelle croisade sacrée. Les victimes en sont cette fois les suppôts du Fatalisme et leur royaume corrompu que des éclaireurs découvrent dans les marais de Path. Après des années de guerre, la Nécropole des Princes Magiciens s’enfonce dans les profondeurs de la terre et sonne la victoire, au milieu du printemps 1220. Certains guerriers décident de rester sur les bords des marais et y fondent la Principauté de Marne. Ils font grand commerce de ressources marécageuses avec l’Empire de Solyr.

Il y a une décennie, Jard, un héros vaillant et ambitieux, unifie les principautés qui longent Kern, entre Solyr et Nésora. Après quelques courtes années de guerre et de fines alliances politiques, Jard réussit à réunir ces provinces sous le nom de Marches Alyzées. Seuls les Lacs Sanglants, toujours peuplés de terrible Belgoriens, résistent à toute tentative de rapprochement diplomatique ou militaire. Depuis ce jour, Jard doit composer en permanence avec ses deux puissants voisins pour préserver son indépendance. Ambitieux, résolu, parfois cruel, Jard a la réputation d’être à la fois Elu et Inspiré, guidé par la foudre de Kroryn et la sagesse mystérieuse des Etoiles – une double allégeance qui expliquerait la réussite de son entreprise politique et militaire.

La Lumière Céleste

Enluminure de chronique, Bibliothèque interdite du temple d'Ozyr, Oforia, Vème siècle AdC

Enluminure de chronique, Bibliothèque interdite du temple d'Ozyr, Oforia, Vème siècle AdC

Un événement majeur est venu changer le visage du monde pendant ce troisième âge de l'humanité : la conscience des Étoiles. Il y a moins de mille ans, en divers endroits de Kor, quelques hommes se sont mis à regarder intensément les astres, comme s'ils se sentaient appelés. Le phénomène sembla un temps inexplicable. Nombre de mages et d'érudits se penchèrent sur le problème, mais restèrent sans réponse. Puis vint Alya, Élue d'Ozyr et Grande Maîtresse de la caste des érudits. Là où les sages avaient échoué, il ne lui fallut que quelques jours pour nommer les milliers d'étoiles qui brillaient dans le ciel. Elle énonça alors la Première Prophétie, à savoir que l'avenir de l'homme se trouvait au delà de Moryagorn, lié au million d'étoiles qu'elle avait désigné, comme celui des Élus pouvait être lié aux Grands Dragons. Cette Première Prophécie fut suivi par de nombreuses autres, et bientôt les visiteurs affluèrent de toutes parts pour la consulter et écouter ses annonces. Elle parla à chacun en privé, leur révélant une partie de leur destin avant de les laisser repartir à la recherche des autres Inspirés qui partageaient avec eux la même conscience stellaire. En quelques dizaines d'années, chaque Étoile se mit à briller pour un petit groupe d'hommes et de femmes qui, à leur tour, prirent le nom d'Inspirés. Ils cherchèrent instinctivement à se rassembler, convaincus qu'ils étaient mus par un destin commun. Si les Grands Dragons feignirent de ne prêter aucune importance au phénomène, l'assimilant à une nouvelle superstition, ils se mirent tout de même à suivre du regard ces groupes insolites de voyageurs, de combattants et de mages qui, sans la moindre origine commune, se fédéraient autour d'une même conception de la vie et de l'avenir. D'autres prophètes, tous érudits, prirent la suite d'Alya. Ils sillonnent aujourd'hui le monde, errant à la recherche des Inspirés, partageant leur science du mouvement des astres et de la lecture des présages.
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